Olio Nuovo Days: Une huile d’olive japonaise remporte le concours de la meilleure huile de l’année S.LEBLANC/20MINUTES
- Douze jurés comprenant des chefs, spécialistes de l’huile d’olive, journalistes, dégustateurs ou simples amateurs devait départager les vingt-deux huiles d’exception sélectionnées dans le cadre des Olio Nuovo Days.
- La meilleure de ces huiles ne vient pas du bassin méditerraénéen, mais du Japon, et elle est excellente.
- L’olive au Japon sert aussi à nourrir le célèbre boeuf wagyu…
La meilleure des huiles d’olive ? Elle n’est ni espagnole, ni italienne, ni grecque, ni turque, ni tunisienne, ni même française… mais japonaise ! Et c’est Toyohiro Takao qui la produit sur l’île de Shodoshima. C’est en tout cas ce qui est apparu lors d’une dégustation à l’aveugle, organisée ce vendredi à Paris dans le cadre des Olio Nuovo Days, où des pros de la dégustation, des spécialistes de l’huile d’olive, des journalistes gastronomiques et de simples amateurs d’huile d’olive étaient réunis autour du chef du Cordon Bleu, Eric Briffard.
Le verdict lui-même a surpris le jury confronté à la dégustation des 22 huiles sélectionnées. Personne ne s’attendait à un tel résultat et aucun des douze jurés n’avait jamais goûté à une huile japonaise. Après une phase qualificative qui a permis de ne retenir que les six meilleures, l’huile japonaise a terminé seconde, puis première de la finale à six…
A mon humble niveau, j’avais placé, à l’aveugle, cette huile en première position. Alors que mon voisin de droite, dégustateur professionnel à qui il arrive « d’avoir à goûter 300 vins dans la même journée » ne lui réservait que la seconde place, notant malgré tout sur son calepin « une superbe complexité, au top »…
Voilà pour la dégustation des «spécialistes»… Dans la pratique, c’est à dire au cours des dîners organisés dans le cadre des Olio Nuovo Days, c’est Antony Clémot, qui l’a utilisée dans ses plats. L’autre amateur d’huile d’olive japonaise, Julien Dumas, du Lucas Carton, préférant l’huile concurrente de Toyo Olive.
« Au plus près du goût de l’olive », selon Julien Dumas
« J’apprécie cette huile car elle est au plus près du goût de l’olive, confiait à 20Minutes le chef étoilé lors de la conférence de presse des Olio Nuovo Days début décembre. L’huile de Toyo est une huile très précise, très nette et très délicate à la fois, et comme souvent chez les Japonais, très respectueuse du produit au naturel. » Elle sublimera parfaitement un carpaccio de daurade, par exemple.
Cet engouement soudain pour l’huile d’olive japonaise vient d’un coup de cœur d’Emmanuelle Dechelette, la fondatrice et organisatrice des Olio Nuovo Days. « J’ai rencontré le président de l’association des sommeliers d’huiles d’olive japonaise lors d’une foire à Madrid, explique à 20Minutes celle qui court après les meilleures huiles d’olive toute l’année. Il avait apporté trois mini-bouteilles, parce que là-bas, ça coûte 300 euros le litre… J’ai rapporté le peu qui restait dans chacune d’elles pour que des chefs français y goûtent. Certains ont adoré… »
La légende veut que la France soit indirectement à l’origine de la passion des Japonais pour l’huile d’olive. « Ils auraient eu l’idée d’en produire après en avoir goûté une (espagnole) lors de l’exposition universelle de Paris en 1900 », rapporte Emmanuelle Dechelette… Après une première tentative avortée, la production d’huile d’olive n’a pris son essor que dans les années 1950. « Et là-bas, l’olive ne sert pas qu’à faire de l’huile, mais aussi à nourrir le bœuf wagyu ». C’est en effet le seul bœuf au monde nourri aux céréales enrichies au tourteau d’olives du Japon. La viande s’en trouve d’autant plus riche en acides gras mono-insaturés, acides oléiques et linoléiques, avec un ratio oméga 3/oméga 6 parmi les plus élevés du Japon, et donc du monde.